J’ai réalisé plusieurs courts métrages expérimentaux et œuvres d’art vidéo, numériques et analogiques, qui ont été diffusés dans de nombreux festivals nationaux et internationaux.
Dans ces films j’explore les possibilités d’un format très court travaillant sur la perception des spectateur·rices, la dilatation du temps, la picturalité des images et, souvent, l’absence de dialogues.
C’est un cinéma de sensations, qui construit des récits poétiques et oniriques autant par les sons que par les images.
Ma pratique cinématographique est artisanale et solitaire comme peut l’être celle d’un peintre.
J’utilise principalement des caméras au poing légères, j’ai besoin de dispositifs agiles pour faire corps avec le réel.
Je cadre, fais la prise de son, le montage, et compose aussi les bandes son de tous mes films.
Il est difficile pour moi de les inscrire dans un genre et une tradition cinématographique précise; je pense avoir été influencé par les cinéastes qui ont expérimenté à la frontière des genres; voyagé leurs caméras à la main; créé du cinéma de manière intuitive à partir d’un contact direct avec le monde et la nature, dans ses multiples manifestations; exploité le pouvoir du son autant que celui des images.
J’ai développé une pratique analogique qui se fonde sur l’utilisation de pellicules anciennes.
À la base il y a avait un intérêt pictural et plastique, de ma part, à vouloir travailler sur ces vieilles pellicules. Je cherchais les imperfections, les craquelures, l’instabilité des images, une vibration plus mystérieuse qui tranche avec la netteté du numérique.
D’emblée j’ai choisi cet outil pour raconter des histoires perdues, enfouies, fragments de rêves et souvenirs qui s’effacent, d’un passé indéfini : j’y explore l’autre coté du miroir, le revers négatif du réel.
Une des dimensions propres à mon cinéma est celle du voyage, et de l’arpentage : je tourne en marchant, et la caméra est pour moi d’abord un outil d’exploration d’un territoire, de ses habitants et des histoires qu’il cache.
En 2018 notamment, j’ai filmé pendant cinq semaines des moutons, des chèvres et des vautours qui vivent en autarcie dans un village abandonné sur les montagnes de Crète, en Grèce. Je connaissais bien ce lieu, un énorme bout de roche volcanique entre ciel et mer. Dans ces court-métrages j’ai voulu restituer la beauté et le mystère de ces animaux. Les êtres humains n’y apparaissent pas, comme s’ils avaient disparu à jamais et que le «silence » habité du monde avait englouti leur parole.
Je travaille également à partir d'images d’archives.
Dans cette démarche de réappropriation il s'agit de travailler avec ou contre les images, de mettre en lumière ce qui en résiste et leur transformation sémantique au fil du temps.
Ce geste me permet une remise en scène des images afin de comprendre comment elles façonnent notre regard et résonnent aujourd'hui.